L’après Seconde Guerre mondiale a vu se développer en Albanie une grande activité dans le domaine du patrimoine culturel. Ce patrimoine est désormais bien connu grâce aux travaux de recherche, de conservation et de restauration qui ont été réalisés ainsi qu’au travail de documentation et de publication de ses valeurs.

L’architecture vernaculaire dans l’ensemble du patrimoine culturel albanais forme une catégorie à part, presque exclusivement composée d’habitations. On en distingue deux grands groupes : les habitations rurales et les habitations urbaines. Elles possèdent une valeur remarquable tant au niveau de la région des Balkans qu’au niveau européen. En effet, les circonstances historiques en Albanie ont favorisé la mise en place d’une économie régionalisée jusqu’au début du XXe siècle, caractérisée par l’autarcie et un développement très lent sur plusieurs siècles. Il demeure ainsi dans tout le pays une palette large et variée d’exemples d’architecture régionale et de typologies traditionnelles. Le gouvernement albanais, sensibilisé à la valeur indiscutable de l’architecture traditionnelle, a travaillé, à partir des années 60, à la sélection des exemples les plus représentatifs de cette architecture et a fait son possible pour les placer sous la protection de l’État en fonction de critères typologiques et d’authenticité.

Des travaux systématiques d’entretien et de restauration ont été entrepris jusque dans les années 90 dans les habitations rurales placées sous la protection de l’État (c’est-à- dire classées « monuments de culture »). Environ 70 % d’entre elles ont été restaurées selon des standards contemporains. La documentation recueillie et les recherches effectuées constituent une somme d’information précieuse.

Dans les années 90, suite à l’avènement de la démocratie en Albanie, l’attention et le travail portés à la conservation et la valorisation de l’architecture vernaculaire ont connu, en dépit de toute attente, ont diminué de façon drastique. Les interventions systématiques de conservation et de restauration ont été suspendues au cours de la dernière décennie. Compte-tenu la fragilité des matériaux et des techniques des habitations rurales, leur ancienneté et le fait que leurs propriétaires ont tendance à les transformer pour les adapter aux conditions de vie actuelles, nous sommes bien obligés d’admettre que ces monuments risquent d’être altérés ou même détruits totalement.

Persuadés que ces édifices aux valeurs uniques appartiennent au patrimoine culturel européen et qu’ils constituent des témoignages authentiques, nous avons la conviction que le fait de faire figurer cet article sur l’architecture vernaculaire albanaise dans le rapport Heritage at Risk 2001-2002 contribuera de façon décisive à la sauvegarde de ce patrimoine. On peut également souligner que les spécialistes albanais possèdent toutes les compétences professionnelles et l’expérience nécessaire pour affronter les problèmes éventuels de nature scientifique ou technique dans les interventions sur ces monuments.

ICOMOS Albanie



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